C’est sans grand étonnement qu’aucun nom de femme ne figure parmi la liste des candidats retenus pour l’élection présidentielle en Iran, publiée par le Conseil des Gardiens de la Constitution. Mais un personnage de BD peut-il proposer sa succession à Ahmadinejad?

Une législation bancale

Une trentaine de femmes iraniennes ont osé défier les autorités iraniennes et les hauts dignitaires religieux en enregistrant leur candidature au Ministère de l’Intérieur. Mais l’interdit demeure : aucune femme n’est autorisée à postuler. Mesure qui va toutefois à l’encontre de la législation iranienne et internationale en matière de droits de l’Homme. Du moins, si l’on ne s’amuse pas à jouer sur les mots.

L’article 115 de la Constitution stipule en effet que tout «rejal » détient le droit de se porter candidat aux élections, terme venant du persan et représentant des « personnalités religieuses et politiques ». Mais l’on a ensuite jugé légitime d’exclure les femmes de cette expression, sous prétexte que « rejal » ne désignerait plus des « personnalités », sinon des « hommes ».

Une candidate inaccessible

Cependant, au cœur de l’élection présidentielle du 14 juin, figure bel et bien une candidate. Révolutionnaire, direz-vous. Surtout lorsque l’on sait que ce personnage en lice est tout à fait virtuel. Elle s’appelle Zahra, elle est institutrice de 52 ans à Téhéran, où elle a perdu son fils Mehdi lors des manifestations contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009 : une figure représentative des Iraniennes. Mais elle est de surcroît l’héroïne de la bande dessinée Zahra’s Paradise.

Titre et statut inaccessibles qui lui confèrent le pouvoir de mener sa campagne au nom de la démocratie sur des sujets houleux comme l’abolition de la peine de mort, la libération des prisonniers politiques et le statut des femmes au sein de la société iranienne. Son objectif premier reste celui de faire tomber les « clowns » à la tête du pays et qui appellent à défier le régime des mollahs.

Comme un vent de révolution

Soutenue par l’association United4Iran qui se mobilise pour les droits de l’Homme et les principes démocratiques en Iran, Zahra dispose d’un compte facebook et de son propre site internet, ce qui permet aux internautes des quatre coins du monde de voter virtuellement pour elle après avoir donné son opinion sur diverses questions comme la parité, la peine de mort ou encore les mesures prises par le gouvernement actuel.

Une opposition certes virtuelle, mais qui sait faire parler d’elle et témoigne d’une véritable mobilisation de ces femmes qui bénéficient d’un niveau d’éducation toujours plus élevé, et comptent bien en faire une force.

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