Depuis quelques semaines, certains députés ont pris l’habitude d’adresser leurs vannes à l’encontre de leurs collègues via Twitter. Le problème, c’est que ces tweets sont souvent rédigés et postés depuis l’hémicycle, actuellement en plein débat au sujet du « mariage pour tous ». Que « branlent » donc nos députés?
«Le temps que les députés consacrent dans une démarche à la fois chahuteuse et un brin narcissique à tweeter dans l’hémicycle (…) c’est autant de temps qu’ils ne consacrent pas au débat», a déclaré Hervé Mariton, député UMP de la Drôme. Il propose également de couper le réseau Wifi qui alimente les portables et tablettes des députés dans l’hémicycle, installé depuis cet été après une décision du bureau de l’Assemblée en date de juillet 2012.
Mais après la vanne de l’écologiste Sergio Coronado, on comprend mieux pourquoi M. Mariton cherche à faire interdire Twitter au Palais Bourbon: »Je voudrais qu’on cesse ces allusions constantes aux couleurs des habits des uns et des autres. C’est déplacé ». Cependant, il faut bien l’avouer, le costume du député UMP valait le détour…
Mariton et son rappel au règlement. C’est moins drôle que son total look parme. Bree, je vous dis #DirectAN #mariagepourtous
— sergio coronado (@sergiocoronado) 1 février 2013
À part tweeter, les députés jouent aussi en scrable entre eux: Thomas Thévenoud confesse au Lab : « Mon copain Jérôme (Guedj, député socialiste, NDR) m’a sorti un « branleur » en 8 lettres mais j’ai répondu par un « layette ». Arriver à faire ça à 3 heures du matin, ça prouve que les cellules grises marchent encore. » Un argument très « cour de récré »…
Interrogé ce mercredi matin sur iTélé, Claude Bartolone, a exclu une éventuelle désactivation du réseau fraichement installé. «Les méthodes de communication électronique font partie de la vie», a déclaré le président de l’Assemblée.
Mariage homo : Twitter s’invite à l’Assemblée par LeNouvelObservateur
Impossible de refuser la modernité
Pour être efficace, la coupure du Wifi doit impérativement s’accompagner d’un brouillage du réseau téléphonique, qui permet, grâce à la 3G, l’accès à l’Internet. Seulement, même si le règlement de l’Assemblée nationale prévoit depuis 2009 que «l’usage des téléphones portables est, sauf autorisation du Bureau ou du président de séance, interdit à l’intérieur de l’hémicycle», les députés s’en foutent. Et puis, même s’il existe un système de brouilleur contrôlée depuis le perchoir qui permet, théoriquement, de faire respecter cette interdiction, Claude Bartolone refuse de s’en servir «Je ne l’utiliserai pas», a fait savoir le président de l’Assemblée.
Pas franchement en mesure de rivaliser avec l’humour 2.0 des socialistes, les députés de l’opposition veulent donc faire changer le réglement: Il faut «modifier le règlement pour interdire l’usage des réseaux sociaux en séance en en commission», assure au Figaro Gérald Darmanin (UMP). Avec son collègue Guillaume Larrivé, il compte déposer ce mercredi après-midi une proposition allant dans ce sens. Si cette mesure est adoptée par le bureau de l’Assemblée, le député fautif pourrait faire l’objet d’un rappel au règlement et, en cas de manquements répétés, à des retenues financières sur son indemnité parlementaire. Plus largement, M. Darmanin et son camarade appellent à la tenue d’un débat sur le recours aux réseaux sociaux dans le cadre de l’exercice parlementaire.
Pour Claude Bartolone, cette réflexion pourrait avoir lieu dans le cadre d’un groupe de travail au sujet du fonctionnement du Palais Bourbon lancé lors de la dernière conférence des présidents du 29 janvier: «J’ai demandé aux différents présidents de groupe de créer autour de moi un groupe de travail où l’on va se poser toutes les questions sur le fonctionnement de l’Assemblée. Notamment avec l’arrivée dans les années qui viennent du mandat unique. Il faut que le temps passé à l’Assemblée soit du temps utile».
En attendant, la récré peut continuer…
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