T-shirt Jihad: le bombastique enfant de trois ans

Raffael Enault 06/03/2013 0

La mère et l’oncle du petit « Jihad », né un 11 septembre, comparaissent aujourd’hui devant le tribunal correctionnel d’Avignon pour « apologie du crime ». Le 27 septembre dernier, l’enfant était arrivé à l’école vêtu d’un T-shirt comportant les inscriptions « je suis une bombe » et « né le 11 septembre ».

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Il y a des choses à ne pas faire dans un pays laïque comme la France. Envoyer son enfant à l’école maternelle avec un T-shirt pro-terrorisme fait par exemple partie de ces choses à éviter absolument si l’on souhaite rester discret et éloigné des problèmes.

Aujourd’hui une mère de 35 ans, Bouchra Bagour, et son frère âgé de 29 ans, Zeyad Bagour, comparaissent devant le tribunal d’Avignon pour avoir fabriqué et surtout fait porter à l’enfant de Mme Bagour un T-shirt avec inscrit « Je suis une bombe » devant et « Jihad, né le 11 septembre » au dos. Cependant, même si les faits sont graves, le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) leur a accordé son soutien. L’association a décrit les Bagour comme « une famille paisible » et estime qu’il s’agit d’« une plaisanterie innocente ».

Une grossière plaisanterie?

Alertée par la directrice de l’école, la mairie a saisi le procureur en décembre dernier. « J’ai alerté la justice car il s’agit à mon sens de faits graves qui mettaient avant tout en péril cet enfant. Je souhaitais que le procureur envisage les mesures appropriées qui s’imposaient à l’égard de la famille de cet enfant… Pour moi, les parents se sont servis de ce petit pour un message à portée politique. Il s’agit d’une provocation à la haine et au terrorisme », avait dénoncé Thierry Lagneau, le maire UMP de Sorgues, dans le « Parisien ». La mère, de son côté, fait mine de ne pas comprendre pourquoi cette affaire prend autant d’ampleur: « Il n’y a aucun message à faire passer par ce t-shirt (…) Le mot bombe est utilisé dans le sens de « beau gosse », rien de plus. Et mon fils est effectivement né le 11 septembre, je n’y peux rien », avait-elle déclaré, non sans une certaine hypocrisie, au quotidien régional « La Provence ».

Pour l’avocat carpentrassien de l’oncle, l’humour ne pourrait pas être évoqué dans ce dossier « car parler d’humour sous-entendrait qu’il y a une intention alors qu’il n’y en a aucune ». « Sur le plan du droit, aucun signe ne permet de caractériser l’infraction d’apologie de crime, estime Me Makouh. Il n’y a ni publicité, ni élément intentionnel, ni glorification, ni éloge d’un crime de masse ».

Et puis, l’avocat a selon lui, un argument béton: L’inscription:« Je suis une bombe » été déjà présente sur le T-shirt lorsque l’oncle de Jihad l’a acheté dans une boutique d’Avignon. « Mon client n’a fait qu’y ajouter l’état civil de son neveu,argumente Me Makouh. Son prénom nomme une vertu, littéralement l’effort sur soi et ne fait pas référence à la guerre sainte. Le 11 septembre 2001 est un événement dramatique mais pour cette famille, le 11 septembre, n’en déplaise au maire de Sorgues et au procureur, c’est la venue au monde d’un enfant, c’est le symbole de la vie et non de la mort ».

Faut-il tout accepter?

Seulement, si le législateur tolère ce genre de dérive, le pays s’expose à un important risque d’embrasement populaire. En effet, même si le trait d’humour dans ce T-shirt est décelable et qu’il ne choque pas le moins du monde certains musulmans de France, il se pourrait qu’il n’en soit pas de même si, au contraire, un jeune Français plutôt blanc et chrétien arborait fièrement dans une école de banlieue un T-shirt : « America: civilizing the savages since 1776″ ou encore « l’Algérie c’est comme le rap: c’était mieux avant« . Alors, la logique voudrait que si l’on accepte ce genre d’humour politiquement incorrect, tout le monde devrait faire preuve d’autodérision. Néanmoins, il semblerait que les associations antiracistes ne soient pas très enclin à l’autocritique humoristique poussée à l’extrême, surtout lorsque cela « stigmatise » (mot à la mode) une minorité….

Pour cette mauvaise blague, Bouchra Bagour et Zeyad Bagour encourent cinq ans de prison et 45 000 euros d’amende.

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