Syrie : la guerre est déclarée

Arthur Beaufils 14/11/2012 0

Damas réagit à la réunion des opposants au régime qui s’est achevée à Doha le 11 novembre. Pour le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, c’est « une déclaration de guerre ».

ASL : Armée Syrienne Libre, les « combattants de la liberté »

« Nous avons lu le document de Doha et (l’opposition) rejette tout dialogue avec le gouvernement », a déclaré M. Mekdad, en qualifiant cette dernière de « déclaration de guerre » dans une interview pour l’AFP aujourd’hui. « Les membres de l’opposition ne veulent pas résoudre pacifiquement la crise » a-t’il ajouté, tout en laissant la porte ouverte à de nouvelles possibilités de résolution du conflit, « nous voulons participer à un dialogue national avec tous ceux qui veulent résoudre la crise pacifiquement ».

C’est la première réaction du gouvernement de Bachar Al-Assad depuis la réunion des composantes de l’opposition qui visait clairement à accélérer la chute du régime syrien. À l’issue de la réunion de Doha, un accord a été signé pour mettre en place une véritable coalition. Cette dernière a également reçu la légitimité de « représentation du peuple syrien » par Washington, Paris, Londres et les monarchies du Golfe.

Contre sommet en Iran

Damas poursuit sa politique d’apaisement pour enrayer une déstabilisation régionale et mondiale. « Nous sommes prêts à discuter avec l’opposition syrienne qui a sa direction en Syrie et pas avec celle qui a été fabriquée ou dirigée ailleurs », a poursuivi M. Mekdad.

Le régime entend surtout régler la situation sans l’ombre onusienne et atlantiste qui planait sur Doha avec l’influence du Qatar et de l’Arabie Saoudite. L’Iran, solidaire de Damas, va accueillir dimanche prochain une autre réunion entre des représentants du gouvernement syrien, de partis politiques, des représentants de tribus, de minorités et de l’opposition, sans toutefois préciser de qui il s’agirait.

M. Mekdad s’est aussi exprimé sur les « rebelles » et autres « combattants de la liberté » qui sont considérés comme des terroristes par Damas. « Beaucoup des pays membres de ce qui est appelé les « Amis de la Syrie » et qui sont en fait des ennemis de la Syrie nous disent qu’ils ont été contraints par la force d’en faire partie. Mais je pense que quand il s’agira de la reconnaissance, ils prendront le temps d’y réfléchir »

La Ligue Arabe en ligne de mire

« Elle a perdu son identité et sa crédibilité. Un ministre des Affaires Etrangères (du Qatar) vient, tire de sa poche un papier et dit à ses collègues « voici la résolution » et ils l’adoptent » a annoncé le vice ministre des Affaires Etrangères.

« La Ligue arabe n’est plus une maison qui élabore une politique pour unifier les efforts des Arabes. La Ligue est devenue une force de discorde parmi les Arabes » conclut-il, en égratignant au passage la légitimité de cette organisation régionale qui ne représente plus les pays arabo-musulmans. On se souviendra de l’Irak en 1990 qui, à l’occasion de l’invasion du Koweït, siégeait toujours à la Ligue ou encore les divergences récurrentes depuis la Guerre Froide sans parler du dossier israélo-palestinien ni de la domination de l’Arabie Saoudite au sein de l’organisation.

La Syrie fait face à une insurrection depuis plus de vingt-un mois. Le conflit fait rage dans ce pays de 20 millions d’habitants et Damas estime que la guérilla terroriste qui s’attaque à la souveraineté du pays est le fruit d’une ingérence étrangère. Selon, l’OSDH, un observatoire dont la neutralité peut être fortement être discuté, dénombre 37 000 morts depuis mars 2011.

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