Plus que quelques jours pour aller voir l’exposition « sous influences, arts plastiques et psychotropes » à la maison rouge, dédiée à l’étroite relation qu’entretiennent les artistes avec les drogues.
Psychotropes et artistes, ce n’est pas une combinaison anodine. Tout le monde le sait, un grand nombre d’entre eux y puisent leur inspiration. Pourtant, l’artiste n’est pas un drogué comme les autres. Ce dernier va tenter de traduire dans son art, ce qu’il a ressenti « sous influence » de celle-ci. Une exposition qui joue sur ce thème, est donc loin d’être surprenante.
« Sous Influence », commencée le 15 février se terminera le 19 mai. Il ne reste donc que peu de temps pour se rendre à La Maison Rouge près du quai de la rapée à Bastille, ou y est exhibés plus de 250 œuvres et 90 artistes divers et de renom (notamment pour leur attirance par certaines substances) tels que Basquiat, Cocteau, Bellmer ou encore Larry Clark.
Un voyage sensoriel
Dès l’entrée, on nous met dans l’ambiance. Une œuvre du commissaire de l’exposition Antoine Perpère diffuse de l’encens représentant l’odeur de l’ opium, surmonté d’une citation de Picasso: « L’odeur de l’opium est l’odeur la moins bête du monde ». Cette stimulation de notre odorat ne sera pas la seule de ce voyage sensoriel. Un peu plus loin, « Oui » l’oeuvre d’Adel Abdessemed, permet aux visiteurs d’humer l’odeur du hashish, grâce à une étoile de résine de cannabis sous un hygiaphone. Puis, afin de nous mettre vraiment dans le bain, on nous fait traverser un long couloir blanc assez étrange. L’artiste Carsten Höller, le « Swinging Corridor », nous plonge dans une expérience originale, en offrant aux visiteurs la sensation d’une légère ébriété.
S’enchaine ensuite une multitude d’artistes. Des œuvres sur des supports de tous genres : peinture, photographie, sculpture, collage et vidéo. Il y a donc dans cette exposition une diversité notable d’art relié à la thématique de la drogue, avec des représentations plastiques des produits ou de leur usage, mais également des œuvres qui volontairement ou non, nous rapprochent des sensations procurées les psychotropes.
La troisième partie de l’exposition correspond à des œuvres réalisées postérieurement à la prise de substances. Ici, rien n’est épargné. Le cannabis, l’opium, les médicaments, l’héroïne, les seringues, les pipes, etc … Même l’alcool y est représenté, par le biais d’une sculpture anamorphique de Markus Raetz : en fonction du déplacement des visiteurs, l’oeuvre semble se modifier, rappelant les aléas de la vision procuré par l’état d’ivresse.
On retiendra aussi de cette expo quelques productions. Notamment une pipe à opium dont le cuivre a été magnifiquement gravé par un poilu anonyme pendant la guerre, ou bien l’installation de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, qui avec un jeu de miroir et un décor psychédélique, trouble notre perception et nous évoque un délire hallucinatoire.
En fin du circuit, on retrouve la fameuse collection d’autoportraits de Bryan Lewis Saunders. En 2001, l’artiste s’est dessiné après avoir ingurgité plusieurs types de produits. Chaque jour, il essayera une nouvelle drogue et décide de se représenter sous l’effet de cette dernière. Le tout a été réuni sur une trentaine d’autoportraits. Brillants et étranges, certains sont carrément flippants (on pense surtout à celui réalisé sous « sels de bains »).
Dans son globalité, l’exposition est plutôt drôle - car très variée- et étonnamment longue. On retrouve néanmoins quelques œuvres assez simplistes, qui pourraient décevoir certains. De plus, au niveau des projections vidéos, certaines sont peu accessibles. On retiendra tout de même le documentaire « El Sicario » de Gianfranco Rosi qui se place du coté des trafiquants et qui montre la violence sur laquelle repose le trafic de cocaïne. D’autre part, on dénote une phrase assez amusante écrite sur l’un des murs : « Marcel Duhamel et Yves Tanguy prirent un jour un peu de cocaïne pour se donner le courage d’aller, pour la première fois, voir André Breton, qui ne comprit rien à leur discours. » (Dictionnaire du Surréalisme. Jean-Paul Clebert). Assez marrant également, la « Pierre philosophale » qui fume un joint des frères Chapuisat, et l’apparition du visage de Jean-Luc Delarue, sur l’une des œuvres. Mais ça, c’est à vous de le trouver.
Teaser de l’exposition :
Sous Influences. TEASER. par lamaisonrouge