La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne en Seine-Maritime pourrait bien fermer définitivement aujourd’hui. Les repreneurs potentiels ont jusqu’à 17h pour formuler une offre. Pour l’instant, personne ne s’est manifesté pour la reprise de ce site, à part quelques entreprises étrangères…
Le couperet va tomber aujourd’hui, depuis le temps qu’on attend » a déclaré lucidement William Chinigui, un salarié de la raffinerie aujourd’hui épuisé après des mois de lutte pour que Petroplus survive. « Cela fait plusieurs semaines que je me prépare à cette date, on arrive au jour J, et il y a la boule au ventre qui s’installe », raconte le salarié de la raffinerie de Petit-Couronne (Seine-Maritime), où il travaille depuis trente-trois ans. Son inquiétude est partagée par le maire de la commune, Dominique Randon. « Cela fait plus d’un an qu’on se bat pour trouver un repreneur ».
Le site de Petit-Couronne a déposé le bilan le 24 janvier 2012 après la faillite de sa maison mère Suisse, Petroplus, placée en liquidation judiciaire le 16 octobre dernier. Mais sans repreneur, la raffinerie en service depuis plus de vingt-quatre ans devra fermer ses portes.
Arnaud Montebourg préfère pour une fois ne pas s’engager
Ce matin sur RTL, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg déclarait que l’État était prêt à prendre une participation « minoritaire » dans la reprise de la raffinerie normande. « Minoritaire », car « il faut des capitaux très importants pour réinvestir et rendre cette raffinerie performante », selon le ministre. Il a ensuite évoqué un investisseur qui serait prêt à s’engager aux côtés de l’État.
Dubaï, la Libye ou l’Iran?
Durant la réunion à Matignon, une entreprise nommée Murzuk, installée au sud de la Libye, a été évoquée, mais leur projet reste encore flou. « Pour l’instant nous souhaitons que les offreurs se positionnent avec deux choses : du pétrole et de l’argent » a expliqué Arnaud Montebourg.
Et puis, Dubaï serait aussi dans les rangs. La société NetOil est toujours candidate au rachat selon l’intersyndicale du site de Petit-Couronne. Seulement, l’entreprise n’aurait pas les reins assez solide pour assurer sereinement une reprise viable du site normand.
Lundi matin, l’iranien Tadbir Energy Development group décidait de jeter l’éponge après que le gouvernement ait fait savoir que l’offre était « diplomatiquement impossible à soutenir ». Les représentants syndicaux ont conspué cette décision, motivée par les sanctions pétrolières en vigueur contre le régime islamique, en accusant le gouvernement de laisser filer une offre. Selon Yvon Scornet, le porte-parole CGT de l’intersyndicale, c’était « l’une des candidatures les plus solides pour sauver tout le site(…). Ce sont des raffineurs, ils ont du pétrole et de l’argent. » Pour M. Scornet « il faudrait que le gouvernement français nous laisse travailler ».
Au cas où le tribunal, dans un accès d’indépendance, retiendrait la proposition libyenne ou iranienne, il surgirait immédiatement un autre obstacle: Shell. Grâce à la pression du gouvernement Fillon, le géant pétrolier avait accepté de fournir du brut à l’exploitation de la raffinerie dans le cadre d’un contrat de « processing », jusqu’au 15 décembre 2012. Mais l’entreprise Shell acceptera-t-elle de poursuivre l’alimentation de la raffinerie en pétrole encore six mois et ce, juste pour permettre au(x) potentiel(s) repreneur(s) de procéder à un état des lieux et de préparer un «grand arrêt technique de l’usine»? C’est peu probable. Bref, c’était Petroplus.
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