Pentagone : Mission espionnage industriel réussie pour les hackers chinois

Arthur Beaufils 29/05/2013 0
L’information a été révélée par le quotidien Washington Post puis confirmée par le Pentagone. Des pirates informatiques chinois ont volé des plans de plusieurs armes américaines, dont des avions et des missiles, des systèmes considérés comme « cruciaux ».

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C’est probablement la plus grande affaire d’espionnage industriel d’armement depuis la Guerre Froide. Le département de la Défense américain a subi une attaque sans précédents et les hackers chinois ont eu accès aux plans des armes les plus sophistiqués de l’armée américaine. Les plans pour le système de missiles Patriot, la dernière version du système de radar Aegis (qui équipe aussi des navires français), le chasseur F-18 (57 millions de dollars prix unitaire) et le légendaire hélicoptère Blackhawk ainsi que le programme de développement du chasseur F-35 sont désormais compromis.

Les responsables du Pentagone veulent évidemment minimiser les conséquences de l’affaire en précisant qu’il n’y aurait aucune « érosion des capacités » militaires américaines. Pourtant, les faits sont là. Les missiles Patriot sont un levier géostratégique pour Washington. Des batteries sont installées par l’US Army et l’OTAN dans les coins les plus tendus du Monde. Le Japon vient de s’équiper suite aux menaces de la Corée du Nord, la Turquie les utilisent face à la menace de Damas. Mais le véritable fait d’arme des pirates est d’avoir eu accès aux plans de développement du nouveau chasseur F-35, sa mise en service est prévue pour 2016. Ce nouvel avion de chasse ultra-moderne est censé devenir le pilier de l’aviation américaine et son programme a couté la bagatelle de 382 milliards de dollars, le plus onéreux de l’histoire du Pentagone. C’est une partie du fleuron de l’armement américain qui est touché. Un rapport interne du Defense Science Board, un organisme de conseil regroupant des experts de la société civile et de l’administration, a confirmé que les systèmes qui ont été piratés contenaient notamment les plans de dizaines de systèmes d’armement militaires cruciaux.

Cyber espionnage chinois en ligne de mire

George Little, le porte-parole du Pentagone, a assuré que « la menace de l’espionnage et la sécurité informatiques est prise très au sérieux » dans le département de la Défense. Depuis des mois, les Etats-Unis font face à des assauts répétés de hackers qui espionnent l’industrie de la défense et des agences du gouvernement américain ou encore les réseau sociaux. De nombreux responsables américains accusent directement la Chine d’être plus ou moins impliquée dans ces cyber-attaques. Pékin a depuis longtemps mis sur pied des unités de hackers au sein de l’Armée populaire et la politique d’espionnage industriel du pays n’est plus à démontrer. Ces attaques s’expliqueraient par la volonté de la Chine de créer une armée moderne capable de concurrencer le n°1 mondial, les Etats-Unis.

Le 20 février, la Maison Blanche avait promis une réaction « vigoureuse » aux vols de secrets industriels par des entreprises ou des pays étrangers, dans un document-cadre qui mentionnait de nombreux exemples de telles activités au profit d’entités chinoises. Le président Barack Obama avait par ailleurs affirmé que les Etats-Unis avaient été « très clairs avec les Chinois, en leur expliquant que [le pays] attend[ait] d’eux qu’ils respectent les conventions et les lois internationales ». Depuis mars, des hauts responsables des services de renseignement multiplient les démarches pour avertir le Sénat de la dangerosité du cyber espionnage, étatique ou terroriste, et la vulnérabilité des Etats-Unis face à cette menace.

Tensions accrues

Cette nouvelle affaire sera certainement abordée en juin prochain lors de prochaine rencontre entre M. Obama et le président chinois Xi Jinping en Californie. Nul doute que les relations déjà très tendues à ce sujet entre les deux pays ne vont pas s’améliorer. En attendant, les auteurs de vol devront faire analyser et reprendre de zéro ces programmes militaires, ce qui demande bien plus de compétences que dérober des plans, même au Pentagone.

 

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