« Parlez-vous keuf? » le dictionnaire du jargon des poulets

Raffael Enault 21/05/2013 1
Les keufs ont leur language à eux, comprend qui pourra. Si jamais l’idée de décrypter la langue des flics vous traverse l’esprit, n’hésitez pas: découvrez le dico’ des « kisdés. »
Police IMG 4105 1024x682 Parlez vous keuf? le dictionnaire du jargon des poulets

Le capitaine de police Gilles Braun, 51 ans, a décidé de rédiger un abécédaire, non pas de la « bêtise ambiante », mais du language des policiers tricolores, et ce qui est sûr, c’est qu’il y a matière à écrire.

Intitulé « Parlez-vous keuf ? » (Editions Vuibert) - apocope, comme il est expliqué à la lettre K, du verlan des banlieues « quefli » pour flic, le livre regorge, sur plus de 200 pages, d’expressions, d’acronymes et de sigles couramment utilisés par les forces de l’ordre de notre pays.

« Je me suis lancé dans ce travail il y a trois ans », explique l’auteur, un policier passé par la PJ, la formation et l’international. « C’est parti du constat de collègues partant en stage à l’étranger qui étaient démunis face au parler de leurs collègues, eux-mêmes étant incapables de leur expliquer le leur. »

Par exemple, un « cref », c’est un « con qui regarde en face », terme utilisé pour désigner un automobiliste « voyeur » qui, pour satisfaire sa curiosité morbide, à l’habitude de ralentir pour admirer les accidentés. En général, le « cref » est responsable de nombreux bouchons et autres ralentissement, car en bande, il est redoutablement… con!

A la lettre U, on trouve « faire les urines », acte qui consiste à « effectuer des recherches sur les antécédents judiciaires » d’un suspect. « Si les urines sont claires, c’est que l’intéressé est inconnu des services ». Pour donner encore un peu plus de légitimité au livre, l’auteur cite régulièrement des choses entendues dans les commissariats: « On le ramène au poste et on vérifie les urines. »

« Beurrer le marmot » c’est corriger un individu pour obtenir des aveux « de manières peu orthodoxes », une méthode d’avant l’ADN, tient-il à préciser, comme si les keufs d’aujourd’hui étaient, comme par magie, devenus réglos. Concrètement cela donne: « Comme on n’a pas toujours avancé depuis ce matin je vais certainement beurrer le marmot. »

Le regard du flic sur la société

Une « amazone » est une prostituée qui « attend le chaland à bord de son véhicule ». « Aller aux asperges », c’est se rendre sur le lieu de travail des prostiputes. La « chandelle » désigne ces filles qui, sur un haut tabouret, appâtent le client). Le reste? Du grand classique: « gagneuse », « marmite », « michetonneuse », « tapineuse », etc…

Une « angine de comptoir » sert à qualifier une personne « sortant d’un bar en état d’ivresse ». Un « Picard », c’est simplement le surnom donné à un SDF « retrouvé décédé dans la rue en hiver ».

« Avoiner » équivaut à « corriger une personne », ou « mettre une trempe », « bomber la guérite », « chicorer » ou « chiffonner ».

Un « bol alimentaire » désigne l’estomac d’une victime dans le cadre d’une autopsie, et le « mur des lamentations » l’austère tableau des permanences judiciaires dans les services de police et de gendarmerie.

« Aller aux morilles », c’est se rendre au service des objets trouvés… « Aller à la poule » signifier déposer plainte au « poulailler », le commissariat « essentiellement fréquenté par des poulets », écrit Braun, « sobriquet de basse-cour employé pour désigner un policier ».

Le « cul-de-jatte » est ce policier qui ne fait que des procédures, ne sortant jamais de son commissariat. « Aller aux éponges » veut dire passer une visite médicale des poumons, tous les six mois pour certains agents parisiens.

Enfin, que serait un dictionnaire sur le language des flics sans les termes qui définissent, dans le language populaire, ces mêmes policiers: cogne, condé, flic, keuf, schmitt, bourre, lardu, poulet,… que du tendre et délicat!

One comment on “« Parlez-vous keuf? » le dictionnaire du jargon des poulets

  1. Cedric Citharel on said:

    Parle-t-il de la « tricoche » (activité qui consiste, pour un policier, à arrondir ses fins de mois en revendant des informations confidentielles) ou préfère-t-il que ce terme reste réservé aux seuls initiés ?
    Pour en savoir un peu plus sur les activités de la police, et pas seulement sur leur vocabulaire, lisez « On les croise parfois », de Cedric Citharel.
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