Un film de Jean-Luc Godard avec Chantal Goya, Jean-Pierre Léaud et Marlène Jobert. Sortie le 6 juillet 2016. L’Histoire Paul, jeune homme soucieux de s’intégrer, n’a d’yeux que pour Madeleine, une jeune chanteuse, parfait produit de la société de consommation qui se préoccupe plus de sa réussite dans le métier que des manifestations sentimentales de son ami. Paul tout juste démobilisé, est à la recherche d’un travail, milite contre la guerre du Vietnam et finit par trouver un emploi dans un institut de sondage où il est chargé de faire une enquête sur les principales préoccupations des Français. Il habite provisoirement chez deux de ses amies. Alors qu’il fait visiter un immeuble en construction avec ses amies, il glisse sur un échafaudage et se tue. Est-ce un suicide ou un accident ? L’avis « Pierrot le Fou » – Chantal Goya cite le film dans le film – à peine terminé, Jean-Luc Godard se lance dans « Masculin Féminin » et change totalement de mode de réalisation, et ce sera un procédé qu’il va faire avec les suivants tels que « Deux ou Trois Choses que je Sais d’Elle », « La Chinoise », « Week End »… Il va faire du « cinéma essai » pas tout à fait un documentaire, pas tout à fait une fiction. Ici il s’inspire très librement de deux nouvelles de Guy de Maupassant, « La Femme de Pau » et « Le Signe. » mais applique à son long-métrage une enquête sur les jeunes et le sexe. Comme il le disait : « c’est un film dit de « jeunes » sur des enfants de Marx et de Coca Cola ! » Godard a vieilli, la nouvelle vague qui était contre un certain cinéma d’avant guerre, n’a plus raison d’être, il y a aujourd’hui une jeunesse, les yéyé, qu’il ne connaît pas et qui arrive sur le marché avec ses questions, ses doutes, celle qui va faire mai 68. Alors aujourd’hui comment réagit-on en voyant ou revoyant ce film ? Tout dépend de l’âge du spectateur. Pour les plus jeunes, c’est l’époque de leurs parents, une époque qui les fait rêver, mais le film leur montre que ce n’était pas une époque si insouciante que cela, avec des questions de sociétés, sur les mœurs. Godard y parle de cette société de consommation qui deux ans plus tard partira en éclat, sur une télévision à la solde de l’état - on est en pleine élection présidentielle, De Gaulle contre Mitterrand – sur la guerre du Vietnam qui le taraude. Peut-être pour tout comprendre le film il faudrait connaître le contexte de l’année du tournage, car le cinéma de Godard est un cinéma du moment ; voir Chantal Goya à l’époque, qui commence à percer, parfaite dans son rôle, bouleversante d’innocence, n’avait pas l’image que l’on en a d’elle aujourd’hui. « Masculin, Féminin » exige une nécessaire connaissance historique pour en saisir pleinement tous les sens. Godard offre ici une vision sociologique et politique d’une époque rongée par la guerre du Vietnam et la liberté sexuelle, la condition féminine. Dans la construction-déconstruction on reconnaît la patte de Godard, ses manies ; il s’y dégage des moments forts, intelligents, plein de tendresse. Il y a toujours ses tics clin d’œil : Michel Debord joue le rôle de Robert Poiccard, le meilleur ami de Paul, c’est le nom de Belmondo dans “A Bout de Souffle”, Paul, incarné par Jean-Pierre Léaud le Doinel des films de Truffaut, se fait passer pour « le général Doinel » afin d’obtenir une voiture. Et puis toujours la manie des aphorismes - « Donnez-nous la télévision et délivrez-nous de la liberté » - « Dans masculin il y a masque et cul « - « Et dans Féminin il y a quoi ? » - » Il y a rien justement » ; On trouve sa manière d’utiliser le son en gommant par des bruits des passages de dialogue, il en fera usage de plus en plus dans « Week End » par exemple. Ce n’est pas toujours réussit mais il tente et cela ne laisse pas indifférent. Il manipule comme souvent, par le biais des contrechamps, les dialogues qui souvent ne sont que des bribes d’interviews. Il met en place des systèmes qu’il emploiera par la suite et souvent trop systématiquement. Pour ceux qui avaient vingt ans en 1966, qui écoutait Françoise Hardy, lisaient Mademoiselle Age tendre, qui aimaient BB, qui manifestaient dans les rues en gueulant « Us Go Home » ! Une sorte de nostalgie pourra les envahir mais quand même Godard a fait là un film qui reste encore dans l’air du temps et qui est toujours jeune. Masculin Féminin Masculin Féminin Bande-annonce VF Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email.