70 millions d’euros. C’est le coût des quatre semaines de combats menées par l’armée française au Mali selon le gouvernement. Un chiffre probablement sous-estimé alors que l’opération Serval risque de durer des années.
C’est le chiffre qui avait été avancé par Jean-Yves Le Drian lors d’une réunion parlementaire mercredi soir. « Un gros effort » financier pour la France selon Laurent Fabius qui a confirmé jeudi 13 février le coût de cette guerre au Mali sur RMC.
Le Parisien rapporte que cette opération aura couté 2,7 millions par jour. Un chiffre bien plus élevé que les derniers déploiements massifs de l’armée française. En Libye, les sept mois de combats contre Kadhafi ont couté 300 millions à la France avec une dépense journalière de 1,6 millions d’euros et en Afghanistan, ce chiffre est de 1,4 millions d’euros par jour.
Le budget des opérations extérieures (Opex) du ministère de la défense est de 630 millions d’euros. Un budget « suffisant » pour M. Le Dryan si l’opération ne continue pas durant la saison estivale. Il y a encore quelques années, ce dernier pouvait atteindre 900 millions d’euros.
Peut-on croire en ces chiffres ?
On peut néanmoins douter de ce chiffre de 70 millions d’euros pour cette intervention française au Mali. Le Parisien estime que 50 millions ont été consacrés au transport des soldats et de leur matériel ainsi que 20 millions en carburant et munitions. On ne sait pas à combien vont s’élever les primes exceptionnelles des soldats français (5 millions d’euros?) ni le coût d’entretien des avions de combats et des blindés. Des sommes qui peuvent représenter des millions d’euros puisque un Rafale vaut, à titre d’exemple, 109 millions d’euros TTC. Une heure de vol dépasse les 10 000 euros et l’entretien de ces bijoux technologiques est un véritable gouffre financier en pièces détachées. Une douzaine d’aéronefs de combats Rafale et Mirage sont déployés au Mali. De plus, les millions d’euros d’aide consacrés par la France à la Misma devraient être compris dans le coût global de cette intervention, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
L’opération Serval mobilise 4600 soldats dont 3500 déployés au sol, les effectifs sont au maximum. C’est un énorme contingent pour l’armée française qui est donc un surcoût pour le ministère de la Défense et son budget Opex. Pourtant, 70 millions pour l’opération Serval, cela reste un chiffre peu élevé par rapport au déploiement français.
Les dépenses en armement profitent tout de même à l’industrie nationale et les troupes engrangent l’expérience qui fait de l’armée française une des plus performantes du monde. On peut aussi ajouter le contrat des Rafale avec l’Inde, la capacité opérationnelle de l’avion de combat produit par Dassault a pu être éprouvée avec succès lors de l’opération Serval, ce qui a (re)motivé les tractations avec New Delhi, le contrat se chiffre en milliards d’euros.
Début du retrait en mars
Le gouvernement et François Hollande affirment que la France n’a pas vocation à rester sur le territoire malien. Les premières troupes devraient quitter le Mali d’ici mars prochain. Cela laisse supposer que la Misma sera capable d’opérer seule dans le Sahel. Aujourd’hui, seul la France est capable d’assurer une force de présence crédible face à la guérilla islamiste qui va s’organiser dans le vide sahelien. Le retrait total des 3500 hommes est tout simplement impossible et ce, pour de nombreuses années.
Il est donc certain que la France laissera pendant des années un contingent de soldats pour sécuriser le territoire. L’opération Licorne en Côte d’Ivoire repose sur une force de 1100 hommes qui dure depuis près de 10 ans et représente 65 millions d’euros par an dans le budget Opex. L’opération Epervier au Tchad, qui a été déclenchée en 1986, compte aussi sur un millier d’hommes et son budget est de 40 millions d’euros par an. À terme, l’Opération Serval, même soutenue par la Cédéao (comme c’est le cas en Côte d’Ivoire) et sa Misma, est appelée à s’établir le temps que Mali reconstruise un Etat, ce qui peut prendre de longues et coûteuses années.
Voici quelques images de déploiement français au Mali :
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