Cette nouvelle série sur Roads Mag vous dévoile les anecdotes et secrets de produits de consommation qui accompagnent notre quotidien. Pour inaugurer nos « historinettes », nous nous penchons aujourd’hui sur un des fondamentaux de notre progrès social et civilisationnel : l’hygiène
Le savon : Apparu il y a 3000 ans, c’est dans la région d’Alep en Mésopotamie qu’on a retrouvé un savon à base d’huile, de laurier et de soude végétale. Sous la forme d’un bloc verdâtre, une recette qui n’a presque pas changé pour faire le fameux savon de Marseille ! Le savon d’Alep sera introduit en Europe durant les croisades et il sera la base de tous les savons durs d’aujourd’hui. Les Egyptiens quant à eux utilisaient du bicarbonate de soude issu des lacs salins. Les Celtes, Germains ou nos ancêtres les Gaulois privilégiait un savon à base de graisse de chèvres et de cendres d’arbres !
La brosse à dents : Quoi de plus banal dans nos salles de bains contemporaines qu’une brosse à dents ? Pourtant d’où vient-elle ? Autrefois, nos aïeux, redoutables carnassiers, recherchent différents moyens de se nettoyer les dents depuis l’Antiquité. Entre les cure-dents en poils de porc-épic, en épine ou en plûmes et quelques mixtures obscures de plantes, le salut vient d’Orient. Notre brosse à dents est une invention chinoise ! Ce sont alors quelques poils de sangliers (connus pour leurs duretés) au bout d’un manche d’ivoire ! Après son arrivée en Europe, elle est réservée aux fortunés. Les poils se diversifient : de cheval, de chèvres ou encore de blaireaux. Ce sont alors de véritables nids à microbes (les poils sont sensibles aux bactéries, pas de chance) et sont très agressives pour les gencives (on s’en serait douté). La Révolution buccale arriva plus tard. Au XXie siécle, l’industrie chimique, avec la nouvelle fibre synthétique Nylon, remplace les poils d’animaux et durant la Deuxième Guerre Mondiale, les GI’s ont la consigne de se brosser les dents une fois par jour pour les préparer à la démocratisation de se geste quotidien !
Le rasoir : Quel homme ne connaît pas le maudit et luciférien « feu du rasoir » ? (les adulescents imberbes s’abstenir de commentaires…) Et bien cette malédiction n’est pas une invention de l’esclavage salarialo-conformiste du siècle dernier. Des archéologues ont trouvé des silex qui servaient peut-être à se raser, sans savoir comment les hommes préhistoriques s’y prenaient pour ne pas se blesser. Les Romains (toujours en avance sur tout à l’époque) ont inventé le métier de barbier, le tonsor. Le rasoir, un novacula, requiert une dextérité rare qui fit la fortune de certains. Plus tard à la Renaissance, les instruments sont de plus en plus performants et innovants : rasoir-sabre, rasoir-couteau qu’on utilise avec de l’eau savonneuse pour une meilleur glisse de la lame. Mais c’est King Camp Gillette, vendeur à Boston, qui a eu une révélation en s’énervant contre la lame émoussé de son rasoir. Sa destiné était de changer le monde des hommes : inventer un rasoir avec une lame démontable et jetable. Après 4 ans de recherches et accompagné d’un mécanicien et d’un chimiste, il y parvient. Avec un brevet déposé en 1904, la Gillette Safety Razor Company impose son produit grâce à des techniques commerciales novatrices, slogan : « C’est un jeu d’enfants de se raser avec Gillette » (histoire de titiller l’orgueil des mâles velus qui n’ont plus d’excuses) ou encore des rasoirs en prêt gratuit à essayer chez soi pendant deux semaines ! La Première Guerre Mondiale fera la promotion du nouveau Gillette Razor : les 4 millions de rasoirs et ses 36 millions de lames de rechanges feront des GI’s des soldats aux visages glabres tandis que nos « poilus » portaient à juste titre leur nom.
Arthur Beaufils