Un film de Antoine Barraud avec Bertrand Bonello, Jeanne Balibar, Géraldine Pailhas et Joana Preiss. Sortie le 22 avril 2015.

Le pitch

Un cinéaste reconnu travaille sur son prochain film, consacré à la monstruosité dans la peinture. Il est guidé dans ses recherches par une historienne d’art avec laquelle il entame des discussions étranges et passionnées tandis qu’une tâche rouge s’agrandit dans son dos.

L’avis

Dans ce film, Bertrand Bonello – excellent - joue un personnage qui porte son nom, exerce, comme lui, le métier de cinéaste, cherche dans l’art l’inspiration pour un film qu’il prépare sur la monstruosité. L’historienne de l’art qui lui sert de guide dans ses recherches se dédouble en deux femmes différentes (Jeanne Balibar et Géraldine Pailhas), sa quête le fait basculer dans une sorte de vertige. Deuxième long-métrage d’Antoine Barraud, réalisateur du film insupportable et prétentieux Gouffres (2014), s’inspire, allez savoir pourquoi, de Vertigo d’Alfred Hitchcock (un film fondateur ?). Ce portrait du cinéaste esthète sent l’improvisation et ce n’est que par la qualité impécable des interprètes qu’un charme indéniable s’en dégage. Agaçant parfois, amusant parfois, fascinant parfois, bancal toujours, entendre parler de peinture face à des tableaux pas très connus est assez singulier pour ceux qui veulent bien entrer dans ce jeux. On sent dans ce film des miettes d’Eustache, de Rivette - la présence de Balibar n’est pas fortuit - d’un certain cinéma ancienne vague.

Le film a durée trois ans paraît-il. Un manque d’inspiration ? Le Dos Rouge est une sorte de documentaire qui a viré à la fiction et qui n’a aucune importance scénaristiquement. Etre face à un tableau et le regarder plus longtemps que la moyenne des gens tel est l’exercice auquel Barraud et Bonello se sont amusés à composer ; il entre dans leurs champs d’expériences quand on connaît un peu leurs parcours. Il faut lire l’interview du réalisateur avant de voir le film. C’est de la même veine que de lire l’intention d’un artiste pour comprendre le fonctionnement de son installation. On peut très bien ne pas supporter ce côté bobo parisien, mais c’est une expérience cinématographique à tenter face à cette autre forme d’expression qu’est la peinture ; tout cela donne quelque chose de difforme, mais la monstruosité peut être fascinante à bien des égards. Il s’en suit que Le Dos Rouge entraînera les spectateurs dos à dos. Un film pour le petit cénacle parisien mais pas seulement.

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.