Le cimetière du Père Lachaise est l’un des cimetières les plus visités au monde. Les 44 hectares sont foulés par plus de 2 millions de personnes par an. Le succès de cette macabre activité touristique ? Au-delà du paysage bucolique qu’offre ce lieu historique, ce sont les centaines de célébrités qui ont rendu le cimetière célèbre. Les Chopin, Morrison, Balzac ou encore Proust attirent les curieux et sont à l’origine de plusieurs légendes que cette enquête va vous révéler.
Il suffit de se promener quelques minutes pour remarquer des couples dans toutes les allées, sur les bancs. Et pour cause, ils ne semblent pas venir ici pour se recueillir sur la tombe d’un proche mais bien pour s’épanouir dans un lieu où romantisme et recueillement ne font qu’un. Ce cimetière paraît en effet calme et paisible, mais en apparence seulement. Si son atmosphère bucolique permet aux couples de batifoler il n’en attire pas moins une autre population d’hommes et de femmes qui se livrent à des actes incroyables motivés par les fantasmes les plus glauques…
Ce lieu de recueillement fut crée sur l’emplacement des jardins que possédait le père François de la Chaise, le confesseur de Louis XIV, en 1804. L’une des premières tombes qui fut transférée fut celle des deux amants célèbres du moyen-âge : Pierre Abélard et Eloïse de Fulbert. A eux seuls, ils représentent ce que le cimetière a de plus romantique : ils furent tous deux entrainés dans un amour impossible, lui homme d’église et elle jeune novice. Il fut forcer de s’émasculer et elle, mourut de tristesse. Ils demandèrent d’être enterrés enlacés. Désormais, on peut apercevoir régulièrement des couples faire six fois le tour de leur mausolée, jeter des fleurs rouges sur les gisants et se promettre un amour éternel. S’ils sont déjà difficiles à apercevoir, ils sont moins rares et pourtant nombreux, ceux qui s’adonnent non loin de là, à leurs fantasmes sexuels.
Un lieu d’étude des perversions
Des heures d’errance dans le cimetière ont permis, outre de faire la connaissance avec des gens étranges, de vérifier certains témoignages ahurissants : avec l’aide d’une spécialiste, Valérie H. Psychologue, spécialiste des troubles et psychopathologies sexuelles nous avons analysé les rapports de police qu’un gardien (qui a souhaité gardé l’anonymat compte tenu de son statut d’agent de police assermenté) à bien voulu nous dévoiler. Nous l’avons ensuite suivi sur place pour constater certains dégâts, (portes de chapelles forcées, statuts, vitraux cassés, graffitis) causés par des individus aux pratiques sexuelles sinistres qu’il a pu dans le meilleur des cas, réprimer. Selon Valérie H. toute relation sexuelle dans un lieu aussi fort, symbolique et sacré est, par définition, d’essence perverse. On distingue selon elle deux catégorie en première analyse : Quant au choix du partenaire (pédophilie, autoérotisme, zoophilie, nécrophilie, gérontophilie. Mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse, quant au but : exhibitionnisme, sadisme, voyeurisme, masochisme, fétichisme, viol, frotteurisme. Il s’avère selon notre spécialiste que chaque cas recensé dans le père Lachaise réunit plusieurs des facteurs dressés dans cette typologie.
Un lieu sacré profané
Les témoignages sont édifiants, outre les pratiques exhibitionnistes courantes comme dans tous les lieux publics, on apprend que des dizaines de personnes d’adonnent à des relations sexuelles parmi les tombes. Parmi eux des couples, qui se font surprendre dans des petites chapelles si nombreuses dans le cimetière. Pour ces Valérie H. il ne faut pas s’inquiéter « cliniquement » outre mesure : « Pour certaines personnes excitées par les lieux publics, après le train, le cinéma, le jardin public, peut apparaître l’idée d’aller dans un cimetière. »
Moralement et spirituellement c’est autre chose, aux vues des listes de profanations, le Père Lachaise semble avoir perdu son caractère sacré…
Même si ça relève malgré tout d’une tendance perverse à l’exhibitionniste selon la définition, ce n’est pas, ici un cas extrême comme défini par la psychologie mais tout de même considéré comme déviant. La perversion sexuelle est un comportement d’une part inhabituel, mais aussi partiel (ne vise qu’une jouissance limitée), exclusif parce que le sujet est incapable de s’épanouir sexuellement autrement et enfin réduisant le (la) partenaire à un objet (instrumentalisation). La perversion sexuelle a bien un caractère répété, qui pour les cas soulevés précédemment ne coïncide pas, compte tenu du fait qu’il est souvent question d’un « jeu » spontané et exceptionnel pour la grande majorité d’entre eux. « Il est rare de retrouver un même couple plusieurs fois » précise notre gardien.
Dans le même genre, un guide travaillant depuis 30 ans dans le Père Lachaise Jean-François R. confirme la rumeur selon laquelle des femmes simulent une relation sexuelle avec la statue grandeur nature de Victor Noir, il s’agit ici d’une croyance selon laquelle se recueillir de la sorte sur cette tombe soigne stérilité et frigidité.
« On se demande jusqu’où cela pourrait aller »
Mais aussi et c’est plus inquiétant : des groupes de dizaines de personnes parfois motivés par des rituels sataniques comme en témoignent de nombreux indices encore présent dans l’immense chapelle de la famille Constant Say (désormais scellée) des dessins, traces de brûlures sur les murs, vêtements abandonnés, pentagramme (symbole luciférien). « Quand nous sommes arrivés, ils chantaient à la gloire de Satan » raconte le surveillant présent ce soir là. « Ici, nous avons carrément à faire à un cas réunissant toutes les perversions ! Pratique groupée : voyeurisme et échangisme, dans un lieu public : exhibitionnisme, fétichisme par le rituel satanique et les objets utilisés. On se demande jusqu’où cela pourrait aller » s’emporte Valérie. Un de ses collègues a déjà entendu parler de rituels de ce genre, dans des caves, il avait étudié le cas d’une enfant victime de rites sordides de ce genre.
Les chiffres officiels énumérant ces actes illicites ne peuvent être dévoilés, il est seulement possible de savoir qu’ils sont en baisse fort heureusement. « Dans les années 80, 90, on assistait souvent à des évènements de ce genre. Pas toujours à caractère sexuel, mais beaucoup de « messes noires » ont eu lieu dans le cimetière. Dans la tombe de Félix de Beaujour notamment » (Premier Franc-maçon de France, proche de Napoléon) raconte notre guide, Jean-François. Plus haut édifice du parc dans laquelle repose ce franc-maçon 33e degrés. Aujourd’hui depuis la condamnation de la chapelle Constant Say, aucun attroupement de ce genre et de cette ampleur n’a pu être enregistré de nouveau.
Le Père Lachaise en chiffres :
* 70 000 tombes
* 26 500 cases sur trois niveaux dans le colombarium.
* 5 000 personnalités inhumées
* 100 tombes seulement figurent dans la communication du Père Lachaise.
* 12 gardiens seulement
* La première personne inhumée selon les registres du cimetière, une fillette de cinq ans, Adélaïde Paillard de Villeneuve, inhumée en 1804 dans l’actuelle 42ème division, serait la première personne inhumée au cimetière. Elle serait toujours là, même s’il ne reste plus rien de sa tombe qui devait être individualisée à l’origine.
* Chaque semaine, « quelques dizaines » d’objets et d’œuvres d’art sont cassés ou arrachés et emportés.
* Des concessions hors de prix même si Les tarifs sont les mêmes dans tous les cimetières intra muros :
Pour une concession perpétuelle de 2 mètres carrés, il faut compter 11.086 euros. Pour une case de columbarium (endroit où son déposé les urnes contenant les cendres) 1.597 euros pour 50 ans et 1.025 euros pour 30 ans.
* Record d’affluence : Toussaint 2007, les trois cimetières phares de Paris ont accueilli 219.000 personnes.
* A vue de nez les plus visitées sont Allan Kardec, Jim Morrison, Edith Piaf et Frédéric Chopin.
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