Une décennie après l’invasion américano-britannique contre Saddam Hussein, les attentats et la dictature du chaos s’intensifient de jour en jour. Les rivalités tribales et théologiques n’ont jamais autant fracturé le pays.
Aujourd’hui, l’ONU fête la journée mondiale du bonheur qui coïncide avec «le dixième anniversaire» de la guerre controversée en Irak. Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki n’a prévu de ne marquer d’aucune façon cette date particulière. Le 20 mars 2003, les premières bombes de la coalition anglo-saxonne ont frappé la capitale Bagdad.
Hier, mardi 19 mars, une nouvelle vague d’attentats ciblant les zones chiites de Bagdad et de sa périphérie ont fait 52 morts et plus de 170 blessés. Les attentats sont de plus en plus meurtriers dans ce pays qui a connu presque deux décennies de guerre ces trente dernières années. Selon l’ONG basée au Royaume-Uni Iraq Body Count, plus de 135 000 civils ont perdu la vie depuis l’invasion ordonnée par Georges W. Bush Jr.
Depuis la chute de Saddam Hussein, le régime à la main de fer qui dirigeait un pays théologiquement instable a sombré dans le chaos. Les rivalités entre sunnites et chiites (majoritaire dans le pays) ont atteint leur paroxysme depuis la fin du sentiment nationaliste entretenu depuis la guerre Iran-Irak. Les groupes insurgés sunnites, dont Al-Qaïda en Irak, continuent à viser tant les chiites que la police et l’armée, dans l’espoir de déstabiliser le gouvernement de M. Maliki.
La minorité sunnite « marginalisée »
Le bilan est lourd après dix ans de guerre conventionnelle et civile. Politiquement, la situation est pire que lors du règne de Sadam Hussein. La corruption n’a jamais été aussi élevée et tous les clivages « traditionnels » irakiens ont été réactivés. La « promesse » de démocratie washingtonienne de G. Bush n’a jamais été tenue.
M. Maliki est dans une impasse politique. Ses alliés de la coalition gouvernementale le discréditent tandis que la minorité sunnite se dit »marginalisée ». Depuis fin décembre, des manifestations réunissent chaque vendredi des dizaines de milliers de personnes dans les régions sunnites. Deux ministres laïcs mais proches des sunnites ont déjà quitté le gouvernement début février, ce qui a encore plus tendu la situation.
Le Kurdistan irakien, une région autonome, est le théâtre d’un affrontement politique majeur avec Bagdad. Pour de nombreux observateurs, cette rivalité est la plus grande menace pour la stabilité du pays. Au final, aucune arme chimique n’a jamais été retrouvée sur le territoire irakien et le pays a replongé dans un chaos tribal qui n’a de pareil qu’en Afghanistan, Somalie et peut-être bientôt en Syrie.
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