On dirait que le FN a de la concurrence du côté des dérapages racistes. Un cadre de la Ligue du Nord en Italie a déclenché la polémique en s’attaquant à la ministre Cécile Kyenge.
Un racisme décomplexé
Roberto Calderoli, c’est un peu le père Le Pen d’Italie, qui se plaît à provoquer l’opinion publique à travers des propos toujours plus racistes. Après avoir déclaré au sujet de la ministre d’origine congolaise Cécile Kyenge, un cinglant: « Elle fait bien d’être ministre, mais peut-être devrait-elle le faire dans son pays »; il s’est enlisé au profond des coups bas.
Et dire qu’il faut avoir le niveau d’un ministre pour sortir des insultes racistes reposant sur l’unique physique de sa cible : « Quand je vois les images de Kyenge, je ne peux ne pas m’empêcher, même si je ne dis pas qu’elle en soit un, de voir des ressemblances avec un orang-outan ».
Ce cadre du parti anti-immigration, ancien vice-président du Sénat, et également ministre sous Silvio Berlusconi, tient à préciser qu’il faut cesser de vendre le rêve américain aux étrangers attirés par l’Italie.
Le tollé escompté
Et évidemment ces insultes ne sont pas passées sous silence mais ont bel et bien obtenu l’effet escompté: la polémique qui fera parler du parti. Le chef du gouvernement lui-même (Enrico Letta) a tenu à dénoncer ce coup bas : « Les paroles rapportées aujourd’hui par la presse et attribuées au sénateur Calderoli à propos de Cécile Kyenge sont inacceptables et dépassent toutes les limites ». Par ailleurs, deux députés du Parti démocrate (PD, gauche), Khalid Chaouki et Gianni Cuperlo, ont exigé la démission de Roberto Calderoli de la vice-présidence du Sénat. S’il est aussi semblable que le père Le Pen, n’espérons pas qu’il se repente.
L’escalade de la violence verbale
Autant le préciser, ce n’est pas la première fois que la ministre est prise pour cible. En juin dernier, une élue locale et membre de la Ligue du Nord, avait proposé que Cécile Kyenge soit mise à la place d’une victime d’un viol afin qu’elle « comprenne ». Une déclaration en référence à la publication d’une tribune intitulée « Tous les crimes des immigrés » après la tentative de viol présumée de deux Roumaines par un Noir à Gênes.
Il semblerait que l’on en soit revenu à l’époque de la ségrégation raciale en Italie où les insultent fusent vers Cécile Kyenge depuis son arrivée au gouvernement. De « Ministre bonga-bonga », « négresse » à « singe congolais », la ministre subit ces attaques mais répond dignement : « Je ne suis pas de couleur, je suis noire, et je le répète avec fierté. » Triste réalité.