Dans une interview accordée au Parisien magazine, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est attaquée à Ségolène Royal en expliquant que cette dernière ne devait sa carrière qu’à son ex mari, le président de la République François Hollande.

« Ma femme est un homme politique » avait pour habitude de dire Jacques Chirac au sujet de son épouse Bernadette. Et bien, il semblerait que depuis le passage à l’Élysée de Mme Chirac, les femmes politiques ont compris qu’elles devraient adopter les caractéristiques psychologiques de leurs congénères masculins si elles souhaitaient réussir dans les cercles de pouvoir.

« Je voudrais que le combat féministe, aujourd’hui, devienne autant une affaire de femmes qu’une affaire d’hommes » a déclaré Nathalie-Kosciusko-Morizet dans un entretien publié vendredi dans Le Parisien magazine à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Mais très rapidement, le ton de cette interview change, l’utopie féministe disparaît au profit du pragmatisme glacial de NKM. Dans cet entretien, l’ancienne ministre de l’Ecologie explique longuement sa conception personnelle du féminisme et raconte les difficultés rencontrées par une femme en politique. « J’ai fait deux bébés et j’ai eu droit à deux rétrogradations ! », développe-t-elle. Plus tard dans cette même interview, elle adresse une attaque en règle à Ségolène Royal dans des propos qui feraient se déshabiller les Femens. « Il y a quelque chose de très rude dans son parcours. Elle s’est construite politiquement en parallèle à François Hollande et l’issue n’a pas été en sa faveur. Je pense qu’elle méritait mieux que ce lot de consolation incongru (sa nomination à la Banque publique d’investissement, Ndlr). Elle en est à attendre que son ex la nomme quelque part. »

La réplique Royal(e)

Ségolène n’est pas le genre de femme à se laisser marcher sur les pieds. Plusieurs fois par le passé, l’ex candidate à la présidentielle de 2007 a prouvé qu’elle était une personne de caractère, chose qui l’a d’ailleurs certainement desservi à plusieurs reprises dans sa carrière. Sa contre-attaque (de bas étage) était donc attendue par tous les charognards de journalistes avides de sang et de drames.Alors, comme il est désormais d’usage en (sous) politique, Mme Royal a répondu à NKM via son compte Twitter:

Ah… Ne mâchons pas nos mots: pour une réplique de merde, c’est une réplique de merde. Il est loin le temps où les hommes politiques enflammaient les foules avec des discours au vocabulaire fouillé et à la sémantique millimétrée.

Un brillantissime discours d’André Malraux qui contraste terriblement avec la médiocrité intellectuelle des acteurs politiques actuels:


Hommage d’André Malraux à Jean Moulin par horus2012

La médiocrité anime-t-elle les femmes politiques de cette majorité gouvernementale?

Najat Vallaud-Belkacem est entrée (par effraction?) en politique grâce à Ségolène Royal, son mentor en politique qu’elle admire et qu’elle serait prête à défendre jusqu’à la mort, ou presque: « Je pense que quand Nathalie Kosciusko-Morizet sera en mesure de rassembler 17 millions de voix sur son nom à une élection présidentielle, on pourra en reparler », a attaqué la porte-parole du gouvernement, vendredi matin sur RTL, en faisant référence au score réalisée par Ségolène Royal à la présidentielle de 2007. « En attendant je pense qu’on peut facilement lui décerner la palme de la phrase la plus misogyne, la plus idiote, en cette journée du 8 mars », a-t-elle déclaré insolemment. »NVB » a beau être une femme politique, on s’aperçoit que finalement, elle ne fait que peu de politique. Dans son incontournable ouvrage « Qu’est-ce que l’idéologie », le sociologue Jean Baechler explique en quoi il faut savoir différencier ce qui est d’ordre politique et ce qui ne l’est pas. Une discussion de femmes de pouvoir peut très bien ne pas être politisée, alors qu’au contraire, un bavardage de comptoir (s’il est suivit de réalisations concrètes) peu quant à lui être quelque chose de politique. En fait, c’est très simple à comprendre: « l’idéologie d’un discours est lié à l’action politique. » Seulement, s’il n’y a pas d’action, il n’y a pas de politique. Il n’est donc pas injurieux que de considérer que Mme Vallaud-Belkacem passe finalement peu de son temps à faire de la politique…

Et puis, dès jeudi, le Parti socialiste, par la voie d’une femme, évidemment avait lui aussi remis en place l’ancienne ministre de l’Ecologie : « résumer le parcours politique de Ségolène Royal à sa relation privée avec François Hollande relève d’une insupportable misogynie : réduire une femme à sa relation avec un homme, dans une interview publiée le jour-même de la journée internationale pour les droits des femmes, est une provocation que nous ne pouvons accepter », lance l’air faussement choqué Adeline Hazan, secrétaire nationale aux droits des femmes et grande copine de Martine Aubry.

Vendredi, c’est Anne Hidalgo, la future probable concurrente de Nathalie Kosciusko-Morizet pour la mairie de Paris, qui a attaqué: « C’est indigne ! Ségolène Royal est une femme politique qui compte », a lancé l’adjointe au maire de Paris. « Cette façon récurrente de stigmatiser les autres femmes qui seraient en compétition dans le monde politique me paraît un peu étrange de sa part », a conclu l’élue du XVe arrondissement. Encore une fois, ces déclarations représentent beaucoup de choses, mais elles ne sont en rien politique…

NKM s’excuse presque

NKM solidaire de Ségolène Royal par FranceInfo

Ce vendredi matin, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui se revendique «féministe», s’est justifiée au micro de France Info. Ses propos représentent «le contraire» du sexisme, a-t-elle assuré. Après avoir rappelé le parcours politique de l’ex-candidate du PS à la présidentielle, la députée UMP de l’Essonne a déploré qu’«aujourd’hui, on ne lui confie pas de responsabilités, on la case dans un organisme bancaire», jugeant que Ségolène Royal «méritait mieux». Et d’insister : «Je ne souhaite à aucune femme de dépendre pour une nomination de son ex.» A l’annonce de l’arrivée de Ségolène Royal à la BPI, NKM s’était montrée moins «solidaire»,dénonçant l’omniprésence de la «promotion Voltaire» de l’ENA.

François Mitterand en son temps avait déclaré: « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé »… Au moins, à l’époque, ils essayaient. Aujourd’hui, entre les histoires de droit de la femme, du mariage pour tous ou encore des crêpages de chignon par tweets interposés, on se demande bien comment font ces femmes politiques pour trouver le temps de s’occuper de la misère sociale qui est en train de gangréner ce pays. comme disait Jean Baechler: « La pluralité des choix trouve sa limite dans l’anomie, l’autonomie dans l’anarchisme et l’association dans le fanatisme ou le militantisme ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.