Un film de Carlos saura avec Géraldine Chaplin, Jose Luis Lopez Vasquez et Alfredo Mayo. Ours d’argent à Berlin en 1968. Sortie et DVD le 18 février 2015. Le pitch Julián, radiologue, a installé son cabinet à domicile. Il travaille dans l’isolement, seulement assisté dans ses tâches par Ana, une infirmière taciturne et réservée. Un jour, Julián est invité chez son meilleur ami d’enfance, Pablo, un aventurier épicurien tout juste revenu d’Afrique. Ce dernier lui présente sa nouvelle épouse, Elena, une blonde radieuse et décomplexée. En la voyant, Julián est traversé par le souvenir fugace d’une jeune femme aperçue pendant son adolescence lors d’une cérémonie religieuse. Hanté par cette image idéale, il tombe amoureux d’Elena, laquelle se joue de ses déclarations passionnées. Dès lors, le radiologue, frustré, se tourne vers son assistante Ana et la fétichise en un objet de son désir… L’avis Le premier film de Saura en 1966, La Chasse, à la fois lyrique et documentaire, avait fait une grosse impression à Berlin où il avait reçu l’Ours d’Argent – voir le commentaire sur le site – Saura avait déjà trouvé son style et les sujets qu’il voulait aborder : la bourgeoisie sous le régime franquiste. L’année suivante avec Peppermint Frappé il est de nouveau récompensé à Berlin. C’est sa première collaboration avec Geraldine Chaplin, qui deviendra sa compagne pendant plus de dix ans, et avec qui il tournera le surprenant et insolite Cria Cuervos. Comment filmer cette bourgeoisie et ses travers, ses frustrations, sans tomber sous la coupe de la censure du Caudillo et du pouvoir tout puissant de l’église ? Bien sûr on retrouve chez Saura les thèmes chers à Buñuel – érotisme, surréalisme, masochisme, fétichisme - . Le film lui est dédié ; mais Saura impose déjà sa patte qui fera de lui un des plus grands réalisateurs espagnols. Saura sait manier l’art de l’ellipse pour des raisons évidentes. Ses films ont eu quelques problèmes de représentation officielle dans les festivals. Il y a dans le cinéma d’auteur espagnol de cette époque une constante très typique : parler par allusions, maquiller pour tricher face à la réalité qu’on ne pouvait aborder de front. Le peppermint frappé est cette boisson rafraîchissante « aphrodisiaque », typiquement française, qui renvoie au cliché du plus raffiné de l’érotisme bourgeois. Saura filme une ville désespérément vide, image d’un pays figé, face à une jeune étrangère incarnée par Elena délurée, le double de la timide Ana – les deux personnages sont joués par Chaplin, allusion à Vertigo ? - qui fait entrer la modernité avec les symboles des années 60 : la mini-jupe, les faux cils et la musique pop. Ce film parle d’une époque révolue mais il est bien de s’en souvenir. L’Espagne n’en n’a pas fini aujourd’hui avec ses fantômes de la liberté. Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email.