Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé jeudi qu’il verserait 4,5 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) d’amende pénale aux Etats-Unis pour la marée noire qui a touché les côtes du golfe du Mexique en 2010. Cette amende record dépasse le précédent record en la matière du laboratoire pharmaceutique Pfizer, qui avait payé 1,3 milliard de dollars en 2009.
BP a pollué, BP devra payer. L’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon appartenant à Transocean et située à 80km de la Louisiane avait causé la mort de 11 ouvriers et déclenché la pire marée noire de l’histoire. Quelque 4,1 millions de barils de brut se sont déversés dans les eaux du Golfe du Mexique pendant 87 jours. soit, à titre indicatif, 19 fois plus que lors du naufrage du pétrolier « Exxon Valdez » au large de l’Alaska en 1989.
Le groupe devra également verser - en plus de l’amende - près de 2,4 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) à la Fondation nationale de la pêche et de la conservation de la faune et de la flore, 350 millions de dollars (273 millions d’euros) à l’Académie nationale des sciences et près de 500 millions de dollars (391 millions d’euros) à l’autorité américaine de la réglementation et des marchés financiers (Security and Exchange Commision).
Accusée de «faute lourde» et «délibérée» par le ministère de la justice américaine, l’entreprise n’avait d’autre choix que de payer sans broncher. Le procès civil doit d’ailleurs se tenir en février 2013. En attendant, BP a provisionné 38,1 milliards de dollars et vendu pour plus de 35 milliards de dollars d’actifs afin de couvrir les conséquences de l’accident dont le coût total reste incertain. Après tout, le géant pétrolier a raison: on n’est jamais assez prudent dans ce genre de situation.
Une image à se racheter
Dans un communiqué publié aujourd’hui, BP a choisi de la jouer profil bas. « Nous croyons que cet accord (a été trouvé) dans le meilleur des intérêts de BP et de ses actionnaires », a déclaré le président de la multinationale Carl-Henric Svanberg. « Il supprime deux risques légaux importants et permet à la compagnie de se défendre face aux plaintes civiles » a-t-il ensuite ajouté.
En mars dernier, BP a conclu un accord à l’amiable avec plus de 100.000 pêcheurs ayant perdu leur travail, employés de nettoyage tombés malade et autres victimes privées de la marée noire. Cet arrangement ne prévoit pas de plafond pour l’indemnisation des victimes, mais la firme BP a estimé qu’elle devrait verser environ 7,8 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) aux plaignants.
Le ministre américain de la Justice américain, Eric Holder, a d’ores et déjà convoqué une conférence de presse à la Nouvelle Orléans, selon les informations du Wall Street Journal .
Des responsables de BP inculpés
Deux cadres de la plateforme sont par ailleurs inculpés d’homicides involontaires après la mort de 11 employés dans l’explosion. Robert Kaluza et Donald Vidrine sont accusés d’avoir fait preuve de négligence lors de contrôles de sécurité obligatoires, sur la plateforme, avant le drame. Les deux responsables auraient délibérément choisi de ne pas avertir les ingénieurs de problèmes apparus dans une opération de forage quelque temps plus tôt. L’acte d’accusation dévoilé jeudi mentionne également le nom de l’ancien vice-président de BP dans le golfe du Mexique, David Rainey, soupçonné d’entrave à la justice pour avoir menti au Congrès américain sur la quantité de pétrole déversée. Jusqu’ici, la seule personne officiellement mise en accusation était un ancien ingénieur du groupe pétrolier, Kurt Mix, soupçonné de destruction de preuves et d’entrave à la justice.
Malgré les lourdes conséquences financières de cette catastrophe écologique, l’action en bourse de BP a terminé quasiment inchangée à 425,55 pence, alors que l’indice regroupant les valeurs pétrolières européennes a perdu 0,76%. Rares sont les entreprises dans le monde capables d’assumer une telle amende, sans que cela ne déséquilibre leur trésorerie et donc, le coût de leur valeur boursière…. Longue vie à BP…