C’est une situation inédite qui touche l’Italie politique. Le comique Beppe Grillo pourrait avoir une cinquantaine de siège au Sénat et 20% des voix au Parlement. Retour sur des élections qui risque de marquer à jamais la politique italienne et européenne.
Les élections législatives italiennes ont permis à la coalition de la gauche italienne menée par Pier Luigi Bersani de remporter la majorité des sièges à la Chambre des députés avec 29,55% des voix selon le ministère de l’Intérieur. Une courte victoire devant la coalition de droite menée par Silvio Berlusconi qui a tout de même comptabilisée 29,18% des voix.
« Pays ingouvernable » pour la Repubblica
Le système électoral italien attribue la prime à la majorité au Sénat sur une base régionale. C’est pourquoi la majorité de cette chambre n’est toujours pas confirmée. La bataille du Sénat s’annonce compliquée par la coalition de gauche. Malgré une majorité provisoire en attendant la confirmation officielle des autorités, le groupe politique de droite de Silvio Berlusconi devrait avoir 110 sièges contre 97 pour la gauche selon le ministère de l’Intérieur.
La Repubblica, quotidien réputé à gauche, confirme la majorité de la droiet par 114 sièges contre 113 tandis que le Corriere dela Serra donne la majorité du Sénat à la gauche par 121 sièges contre 117 à la droite. Pour Massimo Razzi de la Républica, les italiens se sont réveillés ce matin dans «un pays ingouvernable, politiquement mais aussi techniquement avec peu d’issues fondées sur des alliances presque impraticables et numériquement insuffisantes».
Mardi, tous les analystes et médias italiens se tournent vers Beppe Grillo. Le comique italien est surnommé en France le « Coluche » transalpin pour son engagement politique. Sa liste « 5 étoiles » pourrait s’appuyer sur environ 50 sièges au Sénat et il a déjà affiché sa volonté de ne faire aucune coalition avec d’autres partis, ce qui peut paralyser la chambre. « Ils ont fait faillite aussi bien à gauche qu’à droite. Ils peuvent durer sept ou huit mois, mais nous serons un véritable obstacle pour eux » a commenté Grillo depuis son blog. « Nous serons une force extraordinaire. Nous serons cent dix au Parlement, mais dehors nous serons des millions » a-t’il ajouté.
Le bilan du vote
Mario Monti est le grand perdant de ses élections. Avec moins de 15% des voix, il paye amèrement la politique d’austérité qu’il a lancé depuis plus d’un an. Silvio Berlusconi, passé du triomphe à la vindicte populaire puis judiciaire, a réussi son retour. En talonnant la coalition de gauche, il s’impose comme un acteur ad vitam æternam de l’échiquier politique italien.
Les estimations après la fermeture hier soir des derniers bureaux de vote faisaient état d’environ 24% des voix pour le mouvement « 5 étoiles » dans chacune des chambres. Cette formation politique deviendrait donc la première du pays puisque la droite et la gauche ont présenté des coalitions. Beppe Grillo a donc conquis l’état transalpin et estime que ce vote « est d’une importance mondiale ». Les marchés et Bruxelles s’inquiètent et craignent voir un mouvement poujadiste influé sur l’économie italienne.
Le succès de Grillo se résume à un rejet de la classe politique, la colère contre l’austérité et la défiance à l’égard d’une Europe de la troïka prête à sacrifier les pays du sud, à l’instar de la Grèce, sur les marchés. Cette victoire des « 5 étoiles » peut faire frémir les dirigeants européens et notamment français. La promesse de voir de nouvelles hausses d’impôts en 2013 et 2014 couplées avec le manque d’ambitions industrielles et économiques du gouvernement pourrait amener les français à faire confiance à un parti presque apolitique mais sincèrement citoyen pour les élections législatives ou présidentielles de 2017. En espérant qu’un camionneur maladroit ne rencontre pas la route du leader d’un futur mouvement « 5 étoiles » à la française.
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