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Australie : l’aborigène qui a vaincu Areva

La rédaction 20/02/2013 0
Les réserves d’uranium de la plus grande île du monde sont une ressource stratégique convoitée. Jeffrey Lee, un aborigène, a fait classer son territoire pour empêcher Areva d’exploiter des mines.

Kakadu National Park - Introduction with Jacob Nayinggul from Parks Australia on Vimeo.

Les principaux problèmes écologiques qui menacent le fragile écosystème australien sont les changements climatiques, la pénurie en eau mais aussi l’énergie nucléaire et notamment l’extraction d’uranium. L’Australie est un des pays les plus riches au monde en matières premières et notamment en minerai et autres terres rares. Le géant de l’énergie français, Areva, ambitionne d’exploiter une partie des 14 000 tonnes d’uranium logées dans les terres septentrionales australiennes qui sont estimés à 2 milliards de dollars.

Malgré la mise en place de nombreux parcs nationaux pour protéger les territoires sacrés des tribus aborigènes, des milliers d’hectares restent à la disposition de l’industrie. Le gouvernement australien tire une majeure partie de son PIB dans l’exportation de matières premières brut. À partir des années 70, une zone de 1200 ha avait été exclue du parc de Kakadu pour la rendre légalement apte à l’exploitation. Ce territoire de Koongarra est considéré comme un des plus prometteur de la région.

Les ambitions d’Areva ont été anéanties par la volonté d’un homme, Jeff Lee. Cet aborigène est l’unique représentant du clan Djok et donc seul propriétaire traditionnel et moral de Koongara. Depuis des années, il s’est battu pour faire classer sa terre sacrée et la faire protéger.

 » L’homme le plus riche d’Australie « 

En 2007, le Sydney Morning Herald avait suivi Jeff dans son combat, « Ce paysage est magnifique et j’ai peur que quelqu’un détruise tout ça. Ces sites sont sacrés, il y a des tombes et d’autres endroits spéciaux et je dois en prendre soin » avait-il expliqué au quotidien. Les montagnes recèlent des cavernes recouvertes de peintures qui datent probablement de plusieurs milliers d’années. Les premières traces de vies aborigènes ont été découvertes il y a plus de 40 000 ans.

Le début de la fin pour Areva a sonné en 2011. Une délégation aborigène a fait un voyage à Paris pour défendre le dossier du Koongara. L’année suivante, le territoire était classé au patrimoine mondial de l’Unesco. La première étape avant la réintégration au sein du Parc national de Kakadu.

Les médias australiens avait rapporté que la multinationale française avait fait subir d’énorme pression sur Jeffrey Lee. En 2007, ce dernier parlait déjà qu’il avait « beaucoup de pression » à propos du site. Jeff Lee aurait pu devenir « l’homme le plus riche d’Australie » selon ABC News. Pourtant, l’argent n’est pas une motivation pour le Ranger qui explique « j’ai un travail, de quoi acheter à manger et je peux chasser et pêcher. Je n’ai pas besoin d’argent, ça ne m’intéresse pas ». Areva est accusé d’avoir tenter de corrompre sur le plan morale la communauté aborigène et Jeff qui se battent pour défendre leur tradition. Sur le site Environment News Service, il expose la cause pour laquelle il se bat: « J’ai dit non aux mines d’uranium à Koongarra, car je crois que la terre et les croyances propres à ma culture sont plus importantes que l’exploitation minière et l’argent. L’argent va et vient, mais la terre est toujours là, subsiste toujours si nous nous en occupons, et s’occupera toujours de nous. »

L’Observatoire du nucléaire, un organisme indépendant de surveillance de l’industrie nucléaire, a annoncé le 18 février dans un communiqué que Canberra avait adopté une loi le 7 février qui a intégré la zone du Koongarra dans le parc national du Kakadu. Une chape juridique protège donc cette terre contre l’appétit d’Areva. Dernier défi pour Jeffrey Lee, seul survivant des Djok, avoir une descendance pour transmettre le Koongara. Il a déclaré au Sydney Herald qu’il « allait voir ce que je peux faire à propos de ça ».

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