Les autorités nord-coréenne souffrent-elles de schizophrénie aigüe ? Alors que depuis plusieurs semaines, Pyongyang menace d’attaquer les Etats-Unis et son voisin du Sud, une nouvelle ville est ouverte aux touristes occidentaux qui voudraient s’aventurer dans le pays le plus fermé et le plus secret du monde.
Le tourisme en Corée du Nord, c’est un peu comme la baignade top-less en Arabie Saoudite, on ne rigole pas avec. Pour tous ceux qui ne possèdent de passeport Chinois, les règles sont très strictes. Un étranger ne peut pas faire du tourisme seul. Il existe quelques agences de voyages reconnues er approuvées par le régime des Kim. Les séjours doivent être autorisés par le gouvernement nord-coréen et les voyageurs sont étroitement « encadrés » par leurs guides qui jouent souvent à la police. Les chambres d’hôtel, les téléphones et les télécopieurs sont tous surveillés voire confisqués lors de l’entrée sur le territoire. Une poignée de villes seulement sont disponibles par la visite, un moyen radical de contrôler l’image du pays le plus secret du monde.
5000 occidentaux par an
Pyongyang a décider d’ouvrir ses frontières aux touristes étrangers (la Chine et la Corée du Nord entretiennent des relations très étroite depuis 1953), pourtant considérés comme une menace il y a encore peu. La perspective d’y trouver un apport de devises étrangères a sûrement fait évoluer les mentalités. La ville nord-coréenne de Sinuiju, située sur la frontière avec la Chine et jusqu’ici réservée aux touristes chinois, s’ouvre aux occidentaux, dont les demandes de séjours sont de plus en plus fréquentes.
Pour Simon Cockerell David, cofondateur de Koryo, la principale agence de voyages vers la Corée du Nord, cette nouvelle est une mini-révolution, «nous en demandions l’accès depuis des années» indique-t’il. Ce Britannique de 35 ans est l’ambassadeur du tourisme occidental dans le pays. Il a été accueilli comme tel pour sa première visite dans la ville, un message lumineux affichait : «Nous accueillons chaleureusement Simon Cockerell David».
Récupérer les touristes qui visitent la Chine
Pourquoi avoir choisi Sinuiji ? Toutes les infrastructures sont disponibles et surtout, c’est la porte mercantile de la Chine en Corée du Nord. «L’atmosphère est différente, car l’essentiel du commerce avec la Chine passe par là. Les gens sont inondés de produits chinois et voient tous les jours la riche ville chinoise de Dandong, de l’autre côté du fleuve (Yalu, qui marque la frontière)», explique S. Cockerell David.
Pour Gareth Johnson, directeur de Young Pioneer Tours, une agence qui propose des voyages à bas coût, cette annonce va permettre de séduire une nouvelle clientèle. En effet, les touristes qui séjournent en Chine pourront venir passer quelques heures en Corée du Nord. «Pour aller en Corée du Nord, c’était trois jours minimum. Même avec nos offres premier prix, ça reste cher. L’ouverture de Sinuiju permettra de passer une seule journée dans le pays, ce qui pourrait intéresser les touristes qui visitent la Chine » se réjouit-il.
La Corée du Nord est un marché de niche. Il y a environ 4000 à 5000 touristes occidentaux qui s’y rendent chaque année. C’est peu comparé à son voisin. En 2010, la Corée du Sud a reçu 8,8 millions de visiteurs étrangers, soit 12,5% de plus qu’en 2009. «Evidemment, ce n’est pas du tourisme de masse. Ce sont des gens qui s’intéressent aux questions sociales et politiques et qui aiment découvrir», analyse Simon Cockerell. «On ne va pas en Corée du Nord pour se détendre au bord d’une piscine».
Vous ne savez pas encore où aller cet été, découvrez un avant-goût de la Corée du Nord avec ce Travel Guide cocasse du site Vice. Peut-être que les menaces d’attaque nucléaire sur les Etats-Unis font partie du plan de communication de Kim Jong-un pour faire connaître son pays…
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